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dimanche 2 décembre 2007

Travaux manuels et autres

Je suis devant la psychée, bien campée, mes jambes écartées sur les escarpins lacés. Je me maquille. Seulement vêtue d'un soutien-gorge noir à fleurs rouges, slip assorti, porte-jarretelle et bas de voile noir remontant haut, à large dentelle. Talons hauts et fins. Je le vois dans la glace, assis sur le bord du lit, seulement vêtu de son pantalon, ouvert. Son t-shirt dans les mains. La tête basse. Il sent le regard, se redresse.

-Bordel ! Magnes toi un peu, on est en retard pour le cocktail.

-Ce n'est pas ma faute si tu n'es pas en forme !

Je continue à dessiner lentement un trait noir sur l'ombre scintillante, puis à poser le mascara, en levant l'oeil, approchée de la glace, ce qui rejette mes reins en arrière.

-Nom de nom ! Je suis charrette depuis 8 jours sur le projet, les plans sortent pas, tous des cons. Je n'ai pas dormi depuis 2 jours et tu veux que je bande ? Je ne suis pas ton god perso. Tu fais chier. En plus, tu n'as même pas demandé à frédérica de repasser ma chemise.

Je me retourne, lance mascara, crayon à travers la pièce. -T'as raison, je devrai m'enfiler n'importe quoi, ça serait plus efficace. Tiens, même ça, c'est mieux !

J'ai pris une bougie, 10 cm, large de 3-4. -Je devrais la mettre maintenant et la garder jusqu'à notre retour. Au moins, j'aurai un frisson longue durée. C'est pas le cas avec toi.

-Pas capable !! La voix gronde.

Il se lève. Eh eh eh ! Cèdera, cèdera pas ? Ça est… il s'approche. J'aurai ce que je veux… mais le défi est plus fort. Je réplique :

-Et toi ? T'es capable d'attendre ?

-Bien sur ! Habilles toi ! Il attrape la robe qui pend, découvre la chemise repassée dessous.

-Merde, tu aurais pu me le dire ! Bon, assez plaisanté. On y va.

Mais j'ai déjà un pied sur la chaise, j'enfonce doucement. Je connais le mouvement à faire, mouvement des jours sans, et parfois des jours… Sauf que là, vu l'engin, le moment, c'est moins facile. Ses yeux sont désormais rivés sur la bougie.

-Tu veux peut-être de l'aide ?
-Pourquoi pas ?
Cèdera, cèdera pas ?

Il est genou, enfonce de 2 doigts plus profondément. Respirations fortes. Se relève : - Let's go !
Cèdera pas…

Cocktail ennuyeux dans un lieu intéressant. Je regarde les tableaux, la tête penchée. Nous allons chacun de notre côté. De temps en temps, on se croise, on s'effleure. Je mords ma lèvre. Regards incendiaires. Aussi brulant que l'incendie qui commence à couver.

Il revient avec un couple. La femme propose de partir : -Dites, c'est un peu nul. Ton homme nous propose d'aller chez xx pour dîner, c'est tout près.

Il est derrière elle, l'œil sardonique. Il sait que j'ai horreur de ce genre de plan avec ce genre de gens. Alors encore le défi. Je réplique : -Allons y !

Au moment de monter en voiture, je dis que je préfère marcher un peu, j'ai trop bu, besoin d'air sinon je vais être mal dans la voiture. De toute façon, nous n'avons pas réservé, il faudra sûrement attendre un peu.

Lui, moi, à grands pas dans les rues, devant les facades cossues, les fenêtres grandioses, largement lluminées. Il passe un bras autour de ma taille, cherche le contact. Fébrile. Un couple sort par une porte cochère, il m'entraîne à l'intérieur. Hall haussmannien, grand escalier, vers le haut, vers les caves. Il part vers le bas. Devant, en parfait gentilhomme. Se retourne : -T'imaginer me met dans un tel état. Il prend ma main pour que je constate.
Cédera.

Mais il continue à descendre, et m'arrête alors que je suis encore quelques marches au-dessus de lui. Sa voix est contenue : -Attends, reste là, je veux juste vérifier.
Il remonte la main à l'intérieur des cuisses. Constate déjà l'humidité qui suinte de la dentelle.

-Ouh là là… ça ne va pas du tout pour le restaurant. Voix à nouveau contenue, un brin hypocrite. Il pose sa veste sur la rampe. Retire la cravate, ouvre la chemise et la fait tomber en dégageant ses épaules, fait passer son t-shirt. Il commence à essuyer avec le coton blanc. La lumière s'éteint.
Cédera ?

Il va pour rallumer, voit un robinet, passe le t-shirt sous l'eau puis continue à essuyer de manière appliquée, ayant baissé la dentelle à mi-cuisse ; il passe avec délicatesse entre les lèvres, puis insère peu à peu le tissus humide, en tournant, lentement. En repoussant, et puis la main plonge vers l'arrière, le sillon. Tourne, et insère à nouveau le tissus dans l'anneau resséré, forçant délicatement les muscles à céder. Se penche, fait tourner les hanches qui se maintiennent difficilement en équilibre sur les jambes tremblantes. Il examine son ouvrage. Puis, apparement satisfait, retire le t-shirt d'un coups sec :
-Voilà ! On y va.

Cédera pas.

Mais la décharge a eu lieu. Il me retient contre lui, m'enveloppe quelques instants d'une bulle caline. Lorsque le tremblement cesse, il m'appuie contre la rambarde. Et se rhabille en siflottant.

Il met la cravate dans la poche. Se ravise, la replie sur elle-même. -Attend, c'est préférable pour le restaurant. D'un dernier geste, il la glisse sous le slip, petite serviette de soie. Bien inutile désormais.

On arrive mais il faut encore attendre. L'autre dame est lasse. Souhaite rentrer chez elle, d'un air étrange, nous proposant un dernier verre. On refuse.

Je commence à être fatiguée mais on marche encore. Je désigne le bus qui arrive. - Prenons le!

- D'accord. C'est combien les tickets déjà ?

Je suis déjà loin vers le fond du bus. Il s'affole soudain, lance un billet au chauffeur. -Gardez la monnaie ! Me rejoint précipitamment.

-T'es vraiment dingue. Colles toi contre la paroi. Tu n'as pas vu ta robe...

Moi, j'éclate de rire.

A la maison, il me chante encore une autre chanson. Repousse, puis ressort la bougie. Quand je suis déjà loin, il n'y tient plus, veut l'enlever mais je dis non !

-Tu es vraiment la pire des sal... qu'il fait en me retournant. Il passe sa main d'artiste autour de ma taille, colle son ventre à mes reins. Puisque la bougie est ici, lui ira là.

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Après, il contemple le truc qui a pris une drôle de forme. -Tiens, c'est intéressant ta sculpture, pour une fois ! Je vais le mettre sur ma table au bureau.

-T'es fou ! Si on te demande ce que c'est, tu seras bien embarrassé.

-Mais non, je dirais que c'est encore toi qui a essayé un nouveau passe-temps en t'achetant un kit de fabrication de bougie. T'es comme les enfants. Et tout le monde sait que tu n'es pas douée en travaux manuels. T'arrives même pas à colorier mes plans sans les saloper.

Je réponds, tout innocemment.

-Forcément ! soi-disant, je suis la pire...

B


2 commentaires:

Anonyme a dit…

Ce n'est pas la première fois que je lis vos textes. Mais c'est à chaque fois le même plaisir.
Vraiment... et trés sincèrement..
Merci

Anonyme a dit…

Ah oui, la chandelle.
Joli souvenir de lecture.