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lundi 17 décembre 2007

Cheminée et futaie

Il avait écrit : Vendredi, à 16h00 - Place de l'*. Aucun bagage.

Elle avait pris place à l'arrière de la Pxxx Cayenne et s'était rapidement endormie la tête sur les genoux de l'un, les pieds au chaud dans les mains de l'autre. Elle dort toujours lorsqu'elle ne conduit pas.

Arrivés au petit pavillon abandonné, au cœur de la foret profonde, sans attendre d'entrer dans le logis glacial, ils s'étaient empressés de la dévêtir, lacérant ses vêtements de leurs couteaux affûtés. Lorsqu'elle a défailli sous leurs caresses brutales, le premier a ouvert la porte à toute volée, s'empressant d'aviver le feu de l'âtre, le second a disposé une large couverture de plusieurs peaux soyeuses assemblées ; tandis que les deux autres la portaient par les épaules et les chevilles

Ils ont contemplé un moment ses seins dardés par l'air glacial, les picots sur les rondeurs de ses reins, la laissant agenouillée devant l'âtre, ses mains enserrant sagement ses chevilles, le visage renversé, offert à la flamme.

Puis les autres se sont occupé à préparer le repas, tandis qu'il l'embrassait avec volupté et tendresse. Il a courbé sa nuque d'une main ferme et douce, l'a laissée prendre appui sur ses mains, ses genoux, et ils ont disposé sur le dos, les reins tendus les fins copeaux de viande séchée, les dès de fromage frais, les figues éclatées, une coupelle contenant des petits raisins. A la lumière d'une flamme fixée par la cire coulée, à pleine bouche ils se sont satisfait de ces délices, de ses délices.

Tour à tour, de leur bouche à la sienne, ils lui ont fait partager les saveurs du repas qu'ils dégustaient, et se glissant sous sa bouche, affamés de ses seins, ils lui ont offert d'autres jus crémeux et goûteux pour s'abreuver.

Lorsque trop tremblante et imprégnée de tant de crèmes diverses, elle a de nouveau faibli, il l'a doucement étendue, tandis que d'un geste vif, l'un des convives a sabré d'un coup net le goulot d'un flacon précieux, laissant s'échapper un flot de bulles délicates sur ses cuisses, son ventre, son visage brillant de leurs éléments de vie mêlés.

Disposant d'autres saveurs délicates, des brisures de chocolat amer et fin, de macarons rouges et violets, de framboises et de fines lamelles de poire, ils ont poursuivi leur dîner, la flattant, la fouillant de leurs doigts, puis de leur main entière.

Lorsque ses reins se sont soulevés si haut que toutes les brisures se sont éparpillées alentour, mano a mano, ils se sont lentement mais vigoureusement appliqué une nouvelle fois à faire jaillir ensemble leur offrande sur son autel. Ses mains, ses pieds de pécheresse mutine posés sur une des cuisses de chacun, elle a regardé avec attention jusqu'aux frissons ultimes ; et enfin repue et repus, ils l'ont enveloppée dans la couverture, la laissant à la chaleur des flammes, lui en gardien attentif fumant le cigare et dégustant une fine napoléon (quel outrage !) encore un long moment.

Au petit matin, avant l'aube, aidé de son meilleur ami, il a orné son corps d'une sangle noire, de leurs mains puissantes dessinant des triangles, des losanges, accentuant encore davantage les boursouflures de ses lèvres pendantes et rosées, laissant une grande longueur pendre de son cou sur la chute de ses reins.



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Il lui a passé des bottes de cuir fin et a fermé sur ses épaules une veste de chasse de toile huilée.

Ils sont partis dans l'odeur écoeurante de l'humus et des feuilles pourrissantes, suivant son pas malaisé . Arrivés au bord d'une combe, ils s'y sont laissé glisser. Dans la pente, elle a trébuché, roulé jusqu'au fossé, dans la terre, la boue humide. Ils l'y ont laissé reprendre son souffle tandis qu'ils allumaient un grand feu dans un cercle de pierre, près d'un arbre centenaire.

Il a alors ordonné à ses compagnons de lui ôter sa veste et de la mener au pied de l'arbre. Le premier était encore novice et maladroit. En la relevant, il n'a su la tenir, elle est retombée à genou. Le second, a vivement tiré la veste, la repoussant dans les feuilles mortes et la terre grasse. Le troisième l'y a roulé afin de la parer d'un extravagant fourreau digne des podiums les plus prestigieux.

Par une dégaine accrochée à l'anneau planté à hauteur de ses yeux dans l'arbre centenaire, il a passé les entrelacements de la sangle ornant son dos. Avec la longueur restante, il a lassé ses chevilles haut, de part et d'autre de l'arbre imposant. De ses doigts d'enchanteur, il a alors fait jaillir une nouvelle source dans la combe, effleurant, tirant, pinçant, tordant et fouillant.

Puis ils sont partis. Parfois l'écho du bruit sec envahissant l'air est parvenu jusqu'à elle. D'autre fois un compagnon est venu s'inquiéter de la flamme et s'abreuver à la source suintante de la chrysalide de feuilles et de terre, au visage humblement baissé pour tous, sauf pour lui.

Lorsqu'ils sont rentrés bredouille de leur quête, il a commencé à aller et venir devant elle, qui le défiait encore d'un regard ardant, attisant davantage sa colère. Alors pour s'apaiser, il a coupé des liens sans les dénouer, elle a nouveau glissé vers le sol, mais la plaquant contre le tronc rugueux, il l'y a cloué en de vigoureux coup d'une cognée imposante, l'emplissant enfin de lui.

Mais sentant l'impatience de ses compagnons, il s'est retiré, s'est assis sur une souche, la faisant basculer sur ses genoux. De ses doigts de magicien, il a doucement huilé, sondé, préparé l'anneau qui suintait lui aussi d'abondance. Puis aidé d'un de ses compagnons les plus expérimentés, il l'a posée, remplie à nouveau de lui, sans plus bouger. Le compagnon s'est alors présenté à la source, a plongé dans son flot bouillonnant.

Elle a cherché du regard le novice, l'a appelé d'un ordre impérieux. Il s'est alors fièrement présenté à la bouche de la toute frémissante tandis que le dernier compagnon capturait ses mains en fourreau.

Lequel de son cri primal, lorsqu'ils l'ont vue se tendre écartelée dans un sursaut si violent qu'ils ont manqué de tous basculer sur le sol, ou de cette extase enfin révélée les a fait aussi décharger, et mêler à sa voix le son profond et si guttural, animal de leur virilité exprimée, nul ne saurait le dire.

Et aucun ne remarqua le groupe de cavaliers à l'orée de la futaie, figés un instant puis tournant les rênes prestement.

Plus tard, formant un cercle autour du foyer, tous ont repris quelques forces des victuailles apportées dans une malle d'osier par un garde-chasse attentif. Auparavant, seul, il l'avait lavée à une fontaine proche et tenue secrète car réputée miraculeuse, rendant à l'homme affaibli son ardeur, partageant avec la femme sèche son flot affolant. La légende les faisaient sourire, modestement. Car on n'offense pas les esprits bienveillants des sources sacrées. D'ailleurs sur la margelle de pierre, encore une fois, il n'a pu résister avant de l'envelopper d'éponge épaisse puis de la revêtir d'un jean et d'un pull de coton noir, ses vêtements préférés.

Mais lorsque, partageant une généreuse tourte de fruits rouges et de pommes mélangées, il a vu son ses yeux gourmands aller de jean en pantalon cottelé tandis que la pulpe rouge coulait sur menton et que sa langue la rattrapait goulûment, après avoir consulté du regard ses compagnons, il lui a indiqué que tous déclaraient forfait devant l'insatiable. Elle est partie d'un grand éclat de rire sulfureux.

Ils se sont alors levés et fort élégament les quatre mousquetaires ont saluée la sorcière. Puis alors qu'elle allait de l'un à l'autre pour les caliner, les chatouiller, ils ont partagés ses rires et encore une fois en baisers enfantins et tendres, sa bouche.


Au retour, il l'a laissée conduire, la laissant assouvir une de ses addictions, sans qu'aucun des trois compagnons ne protestent, bien au contraire, chacun somnolant sur la banquette arrière.

Elle : Mon ami, vous m'aviez promis l'I…
Lui : En quelque sorte. Sur l'interstate, il y a, aussi, bien des montées et des descentes.


Le mercredi ou le jeudi suivant, alors qu'il butinait les pieds de la Marquise, il l'entendit susurrer : Mon Cher, les cerfs brament bien tôt cette année sur vos terres.

B

5 commentaires:

Anonyme a dit…

Elle est insatiable, la diablesse !
J’aime bien ces récits débutant place de l’Etoile et finissant dans un fossé boueux au fond d’une forêt humide.

Petite Fr@nçaise a dit…

@libertin_123

Merci !
Merci de prendre le temps de lire, d'apprécier, merci de commenter.
Merci de partager.

B

Anonyme a dit…

Toujours aussi intenses et luxuriants vos textes chère B.
Et gourmands!

Anonyme a dit…

Un texte étrange, certains pourraient vous faire un procès en sorcellerie tellement l'univers que vous avez décrit est peuplé de vices et d'envoutement. Mais moi cela me plait.
Evidemment.

Anonyme a dit…

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