"On", qui me connaît bien, me passe un petit cd d'une émission de téléréalité. Une sélection de futurs mannequins. Pseudo apprentissage du métier, jury de sélection, le principe est connu. Théâtre de genre.
Cd calé sur quelques minutes intéressantes. Une fille blonde se tient debout devant 4 prétendus professionnels. Photos à caractère porno chic. Elle est allongée à côté d'une femelle bien grasse et rose. On a un peu de mal à distinguer laquelle est la truie.
Autre scène. Les demoiselles dans la cuisine, une brune sème la zizanie. Elle a un joli petit minois, une frimousse d'ange. Elle est craquante.
Images suivantes, elle est face au jury. Le jeu délicieux commence, elle est sur le gril. Forcée à se révéler, à s'interroger sur son comportement de gamine cruelle. Cruelle, vraiment ? Elle a compris que le jeu ne se gagnait pas seulement sur le terrain de l'apparence. Du paraître.
Seulement, voilà. Les incompétents poussent trop loin le dévoilement. Elle craque.
Elle fuit le regard voyeur des caméras. Casse le jeu. Quitte le plateau, descend dans la salle. Elle s'enfuit, sort du studio.
Un homme la rattrape, il est à ses pieds. A genou. Lentement, il la ramène vers le théâtre. La caméra n'a cessé de tourner. De nous donner à voir l'intime. L'impudique.
Malaise.
J'ai cru comprendre qu'elle avait quitté l'émission. Ou peut-être pas. Si elle l'a fait, elle est forte.
Si j'étais un homme, pour cette frimousse, je ferais beaucoup. Mais je suis occupée ailleurs.
Mon indignation ? Que l'on offre un tel spectacle à la populace.
Je ne méprise pas la populace. Au contraire. J'en fait évidemment partie. Je consomme ce que l'on me donne à voir. Spectacle gratuit.
Ce sont les producteurs de ce genre d'émissions qui sont méprisants. Faire croire que l'on peut mettre à nu sans maîtrise. Se mettre nu n'est rien. Mettre à nu, quelle impudeur.
Observer le travail des bons photographes et des mannequins apprend beaucoup sur le respect, la pudeur. Le dévoilement authentique. Parfois très lent, longue séances de poses, des centaines de photos. Une seule retenue, cerclée de blanc. Tant d'images marquée du sceau du rejet.
Parfois, il faut aller vite, la lumière s'enfuit, la vibration est fugace ; alors le photographe est exigeant.
Le modèle doit savoir. Le modèle, souvent si méprisé, est comme un danseur sous la férule du maître de balet.
Pas de place pour les amateurs. Au plutôt si. Amateurs. Il faut aimer pour faire se métier et donner à voir, donner à ressentir. Donner à associer une image, glacée ou vibrante, et une sensation, un désir, un besoin.
Faire quelques planches de contact avec un géant permet de comprendre que ce don d'accrocher la lumière, que l'on croit inné, demande beaucoup de travail. Et de respect.
En premier lieu pour le public.
Je vais fonder un groupe vagit prop pour aller chauffer les roustons du producteur qui tient les manettes de cette émission.
B
ps: N'espérez pas... on me les a volées. Alors en quelques clics : Richard Avedon Foundation - Archives - Fashion - 1973 - 2004 - n° 7 - Stéphanie Seymour, Comme des Garçons, 1997
http://www.richardavedon.com/
4 commentaires:
Ton indignation est juste.
Une interrogation cependant.
Jusqu'où la réalité est-elle montrée ?
Sommes-nous sûrs que les acteurs de ces scènes ne jouent pas la comédie, du début à la fin ?
Parfois, cela saute aux yeux.
D'autres fois cela semble peu propable, et pourtant ? Comment savoir ?
@Libertin
Je ne suis pas dupe. Tout est scénarisé, monté. Comme pour un film, certaines scènes sont "improvisées", d'autres provoquées.
Mais lorsque je regarde un film, je sais. Là, on veut faire accroire que tout est réalité.
Enfin... revenons au dvertissement. C'est finalement la seule prétention de ce blog.
B
Stephanie Seymour.
Comment avez-vous su?
La téléréalité m'ennuie, sauf dans ces moments obscènes. Là, je me plais à la détester et l'envier.
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