Ce texte est un essai de fiction, toute ressemblance est fortuite. Purement fortuite.
Il m'arrive certains jours, lorsque j'ai bouclé un dossier tard dans la nuit, d'avoir le besoin de prendre un peu d'air frais, l'après-midi. En général je marche vers un petit square de ce quartier d'affaires, square sans grand intérêt et déserté, ce n'est pas un quartier où les enfants courent les rues.
Cet après-midi là, je m'étais assise un polar à la main, besoin de m'évader quelques instants. Je vois vaguement passer près de moi deux silhouettes élancées, mais je suis plongée dans l'intrigue. Après un petit moment, je lève le nez pour prendre ma petite bouteille d'eau et aperçoit le couple de trentenaires assis à quelques mètres.
Lui est sobre et élégant, costume gris classique, visage carré et volontaire, encore un de ces clones, sans grand intérêt ; je les connais par coeur. Elle me tourne le dos, semble plus intéressante. De long cheveux bruns et raides, un twin-set léger de couleur parme, une jupe noire au genou, heureusement fendu du bon côté, qui révèle une cuisse somme toute musclée et bronzée, le mollet est fin, la jambe terminée par des demi-sandales pointues à talon haut.
Manifestement, des collègues de bureau en plein flirt, début d'une idylle. Je les regarde attendrie, un petit sourire aux lèvres. Le costume gris a posé son bras sur le dossier du banc, à quelques centimètre de la demoiselle qui se tient un peu penchée en avant. Manifestement, il n'ose pas.
Pour ma part, je suis tournée vers eux, puisque je cherche ma bouteille dans le sac posé à mes côtés. Je m'appuie donc confortablement, pose mon coude sur le dossier et pose mon front dans ma main. J'ai le regard dans le vague (enfin… je fais semblant), je croise son regard. Le soutiens.
Tout naturellement, je passe la main dans les cheveux, puis descend jusqu'à la nuque en me redressant un peu. Je ferme un peu les yeux. A-t-il compris ? Oui, évidemment. Sa main vient se poser délicatement sur la nuque de la jeune femme. Si elle est aussi bonne qu'elle en a l'air, l'affaire est dans le sac… ça me fait sourire. Et je replonge dans mon intrigue. En gardant quand même un bon angle de vision.
Mais la demoiselle semble rétive. Finalement, ils se lèvent, elle marche un peu maladroitement sur le gravier. Les sandales. Dommage… Avant de passer le portillon, il se retourne vers moi, je lui fais un petit signe de la main. Désolée ! Il reste interdit. Puis reviens vers moi. Aie aie aie.
Je me lève précipitamment, fait mine de partir par l'autre côté. Mais nous allons nous croiser. Soudain, prise d'une brusque inspiration, je tourne les talons et passe devant. Je me retourne et le regarde, insistante. Il la guide pour traverser, me regarde, se ravise et l'entraîne vers moi. Je fais encore quelques mètres, me retourne, ils suivent. Passe une porte cochère, dit quelques mots à un gardien, tend ostensiblement un billet, ils sont derrière moi. Je connais l'endroit, un endroit secret de ce quartier, peu connu, une maison de thé de bambou cachée dans un minuscule jardin sombre.
Il semble ravi, elle est surprise. Il lui entoure les hanches de son bras, elle s'abandonne un peu contre lui. J'ai réussi mon coup. Il l'entraîne vers le petit pavillon. Je fais demi-tour et repasse devant eux sans un mot. Mais il me rattrape.
-Madame, attendez. La demoiselle est rétive et capricieuse. Elle promet beaucoup trop sans tenir, j'aimerais lui donner une petite leçon. Voulez-vous être...
-Mon cher, je ne suis plus guère amatrice de ces petits jeux simulés. Je préfère laisser les tourtereaux roucouler en paix.
Il semble déçu. -Ah… vous aussi... Décidément, les temps changent.
Soupir excédé. Ton hautement méprisant : -Si ça peut rendre service, je vous accompagne !
Le demoiselle est au milieu de la pièce dépouillée. Elle attend tranquillement, s'étonne de me voir entrer.
-Madame vient en voisine, elle nous a aidé un peu. Ne la décevons pas. Après tout, nous avons déjà parlé de ce genre de jeu, n'est-ce pas ? Le ton de l'homme est calme et chaud. Rassurant.
La capricieuse est fière, elle prend un petit air outré, essaie de me toiser. Raté. Je la regarde amusée.
L'autre l'enlace déjà tendrement, fait tomber le gilet, l'embrasse lentement et avec volupté. Je m'appuie à la porte.
Par ses caresses, il remonte le caraco au dessus de la poitrine, puis le soutien gorge sans les enlever. Elle est naturelle, petits seins en poire, un long téton brun déjà bien gonflé. Mais surtout, il lui tient les bras en arrière d'une main, je vois les côtes saillir, le ventre se creuser. Intéressant. Son autre main se fait exigeante, pince en tournant, la demoiselle proteste un peu.
A vrai dire, je n'aime guère. Tout cela sonne toujours un peu faux pour moi. Il relève un peu sa jupe, elle proteste. Il lui parle doucement à l'oreille.
Je m'ennuie. Soudain j'ai une idée, je prend une barre de céréales dans ma poche et bruyamment, arrache l'emballage avec mes dents. Il se tourne, la faisant pivoter en même temps.
Nous nous jaugeons du regard. Le mien est direct et désapprobateur. Il fronce les sourcils. Reprend d'un ton bas et terriblement calme.
-Ecoutes, ça suffit, tu m'as assez fait attendre. Je vais te donner une petite leçon. Il l'entraîne vers le sol, pose un genou à terre et avant qu'elle ait le temps de protester, la renverse dessus, la tenant fermement. Il soulève la jupe et claque le petit cul ferme, deux, trois fois. Elle gigote. J'éclate de rire.
-Cela semble amuser Madame, et toi, qu'en penses-tu ?
Elle ne dit rien, ne réponds pas.
Je m'approche. Lui susurre à mi-voix : -Finalement, elle tient peut-être davantage ses promesses que vous ne l'espériez.
Je me penche, vais tester la tiédeur nouvelle de la croupe de ma main et de mes doigts passés sous la fine dentelle, la moiteur. Le bruit est éloquent. Nous échangeons un regard complice. Il prend une poignée de cheveux et tire en arrière. Me tend sa bouche afin que ma main redevienne propre.
[à suivre si les commentaires en font la demande]
lundi 19 novembre 2007
La maison de thé (essai)
Publié par Petite Fr@nçaise à 10:09
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4 commentaires:
Que croyez-vous?
Où irez-vous?
Quelle proposition vous bousculera?
Soyez au bord du gouffre.
La suite !
(et j'en ai déjà trop dit ;) )
Je ne suis pas choqué, je vous aurais emmené sur les mêmes chemins.. Bises libertines.
J'aime bien remonter le temps sur un blog que je ne connais pas encore, je me suis arrêtée ici aujourd'hui car je trouve cet essai troublant et très réussi, je te l'ai dit de vive voix et je confirme ici que j'aime beaucoup ton style ;-)
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