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lundi 14 janvier 2008

Shirts off - NYC


Le narrateur dans mes récits est souvent masculin. J'ignore pourquoi. Le savez-vous ?

Ted avait eu le même regard que lorsqu'il préparait une des chasses au trésor pour le dorm, à Cambridge. Ce regard seul l'avait décidé à l'accompagner. Le pourquoi du comment, peu lui importait. Il s'emm… franchement dans la Grosse Pomme depuis qu'il avait ce job de VP, alors qu'il avait à peine 30 ans.

Ils avaient reçu les instructions dans le Parc, au cours d'une franche partie de rigolade qui augurait bien de la suite. Entrée discrète dans le magasin chic pour hommes, par petit groupes. Ne pas se faire remarquer pour réussir la manif. Il surveillait l'heure en faisant semblant de s'intéresser aux chemises, aux costumes… A un moment, il avait perdu Ted de vue. Shit ! S'il se retrouvait seul à le faire, il aurait vraiment l'air d'un parfait idiot à montrer son torse nu.

Quoique, à la réflexion, il ne déparerait pas du tout parmi les photos de mecs dénudés que le magasin exposait sans vergogne.

D'ailleurs, il reconnaissait deux ou trois visages et un type se préparait déjà. Il fallait s'y mettre aussi. Se tournant vers les étagères où s'empilaient les chemises, il commença à déboutonner la sienne sous sa veste. En accrochant ses yeux distraitement à une main courte mais fine qui errait, caressant un fin tissus par ci, tirant sur une étiquette par là.

Avait-elle vu son mouvement ? La main se fige, il sent les yeux sur lui. Il se baisse vers elle. Et croise le regard intrigué, la bouche un peu ouverte, les narines pincées alors qu'il a déjà défait presque tous les boutons et que son torse apparaît. Elle se recule. Il glisse son regard vers le cou un peu rouge, le chemisier blanc nacré trop juste. Ses tempes se mettent à battre alors que, jusqu'ici, il contrôlait.

Son cellulaire vibre, c'est l'heure. Sans réfléchir, il ôte d'un coup le veston et la chemise. Torse nu.
Comme une vingtaine, une trentaine d'hommes alentour. Ils sont bientôt plus d'une centaine dans ce magasin de la 5ème Avenue.

Elle le regarde, effarée. Il sourit, un peu penaud. Mais elle a vu les autres alentours. Elle l'interroge de ses yeux verts, va pour parler ; il pose un doigt sur ses lèvres. Il se retourne un peu, pour l'instant rien ne se passe vraiment. Les autres font semblant de poursuivre leurs emplettes. Il y bien quelques cris offusqués, mais surtout des regards amusés, des rires. Une fête qui s'esquisse. Finalement tout cela est très bon enfant.

Elle cherche à voir aussi, le frôle. S'il se recule, il se dévoilera trop. Il ne veut pas bouger. Elle a un petit bruit de la langue, agacé.

Alentour la tension commence à monter. Il fait chaud. Petits mouvements de foule… ça fait quand même par mal de monde quasi à poil. Un joyeux délire se crée. Ca bouge, un peu plus fébrilement qu'en temps normal. Et dans un magasin... ça devient stressant rapidement. Ils sont bousculés, pressés l'un contre l'autre. Coincés entre les étagères. Ses cheveux soyeux caressent son épaule nue.

Et soudain, ils ne sont que deux. Elle et lui.

Car ce doux contact sur sa peau nue l'électrise. Elle a détourné son visage pour ne pas l'écraser contre lui. Mais il s'enivre de son parfum, un parfum de roses. Léger. Etranger. Elégant. Poussés l'un contre l'autre, elle vacille. Il l'enlace.

Le ventre rond se dérobe, elle essaie d'interposer sa main entre la peau nue et ses seins. Mais il la presse un peu plus que nécessaire. Car il a senti la main douce, trop douce. La pression légère, trop légère. Alors il pose ses deux mains sur l'étagère et la bloque dans le coin, à l'abri des regards, dans la pénombre rougeoyante.

Aussi solidement qu'enchaînée.

Elle ne peut s'échapper. Il donne un coup de hanches, sans brusquer, contre la rondeur du ventre. Elle glisse sans se dérober vraiment jusqu'à ce qu'il puisse faire pression de sa cuisse pour ouvrir les siennes. Il baisse la tête, pose ses lèvres sur le cou penché, la tête baissée. Irrésistiblement attiré.

Corps à corps. Fondu l'un à l'autre.

Elle a le nez dans son aisselle. Elle ne bouge plus. Il sent son souffle chaud. Et puis sa langue humide qui s'insinue dans le pli, entre le bras et le torse, d'une manière si sensuelle qu'il se sent réagir instantanément. Il s'écarte un peu. Il se sait indécent.

Mais elle a les yeux clos. Elle suit son mouvement et danse contre lui, en harmonie avec la musique de fond qui se déverse d'un haut-parleur au-dessus d'eux, totalement étrangère à ce qui se passe autour. Elle l'emporte dans le chaloupé de ses hanches.

Ils flottent. Quelques instants. Une éternité.

Il perçoit les mouvements autour d'eux mais ne veut pas lâcher prise. Car il sent son corps chaud écrasé contre le sien et parcouru de frissons. Une joie inconnue le transperce.

Alors il crispe enfin ses mains sur elle. Il mène la danse à son tour. Se met à chantonner contre son oreille. A la mordiller. Elle étouffe un cri, il sent la salive couler contre lui et ses dents lui mordre le bras. Ils partent soudain haut, ailleurs.

Mais elle se dérobe. Car autour, c'est la panique. Certaines vendeuses sont hystériques, ne savent comment faire avec ces clients nus. Les clientes aussi, mais toutes émoustillées, prennent des photos, tâtent et rient un peu trop fort. Ca piaillent de partout. Dans une douce farandole, les hommes torse nu parcourent les rayons, les escaliers. Et les vigiles se montrent moins aimables.

Alors elle se place devant lui comme si elle voulait le cacher. Elle le colle aux étagères d'un coup de rein. Il la saisit aux hanches, elle se penche ! Il perd pied, puis se reprend. Il ne va quand même pas… et pourtant il se sent sur le point de … Mais il n'a pas compris. Affolée, elle récupère juste sa veste et sa chemise qu'il a laissé tomber au sol.

Cette fois les vigiles se rapprochent dangereusement. Serrés, ils sont encore à l'abri. Ils tanguent. Il l'entoure de ses bras puissants.

Elle lui fait face à nouveau. Elle inspire, se presse contre lui. Collée de tout son corps, une main posée sur son torse nu. Il l'enlace encore, voit le visage illuminé enfin tendu vers lui, les lèvres souriantes entrouvertes sur lesquelles il se penche, lui rendant son sourire, transporté.

Il saisit la main qui lui tend les vêtements, leurs mains se joignent, se soudent l'une à l'autre. Enivrés, ils…

Et puis Ted qui lui gueule dessus. Et le vigile qui les bouscule. Qui l'attrape, elle, et l'enlève à lui brutalement. Il veut la saisir. Trop tard, ils sont deux, trois sur lui. Quelques instants de lutte. Ted qui calme le jeu. Le traîne hors de la mêlée. Il n'a pas été quater-back pour rien.
Et il est emporté au loin.

Une dernière fois, il l'aperçoit à travers la foule, elle tient sa chemise. Elle semble protester, sa voix se perd dans les cris, les rires. Le vigile lui arrache la chemise qu'elle tend en le désignant et la jette vers lui. Il l'attrape au vol. Un dernier regard, intense, brûlant. Un sourire, un mouvement des lèvres, un geste qu'elle fait en désignant son sein gauche. Il ne comprend pas. Il est forcé à rejoindre un groupe poussé sans ménagement vers l'escalier. Il veut se rebiffer, il enrage mais Ted l'en empêche.

Ils sont tous dehors. Les flics, la foule … Il la cherche. La douleur lui tord le ventre. Il passe sa veste à la hâte. Mais garde la chemise à la main. Ted l'entraîne. Il résiste un peu, traverse à grand pas parmi les voitures pour se poster sur le trottoir d'en face.

Il ne voit pas le petit rectangle de carton qui glisse de la poche de la chemise, volette, est finalement emporté au loin par le vent entre les voitures qui passent.

****

Une flash mob masculine a bien eu lieu à NYC dans un magasin chic. Pour les explications, des photos, voir ici :
http://www.improveverywhere.com/2007/10/17/no-shirts/



1 commentaire:

Anonyme a dit…

Histoire toujours très émoustillante.
Ne t'inquiète pas, le petit carton je l'ai ramassé, j'étais juste derrière,
shirt off bien sûr.