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dimanche 6 janvier 2008

Les Rois Mages

Elle avait relevé son défi dans un éclat de rire. Il était resté sceptique sur le succès de l'entreprise. Il l'avait vue tour à tour mutine, énigmatique, en colère, préoccupée, inquiète. Finalement, elle était venue triomphante déclarer que tout serait prêt. Il avait réclamé quelques explications. Nue, à genou et servant le thé, elle avait entrepris son récit.

Expliquer les dialogues, parfois humiliants. La première rencontre, si décevante. Mais elle est têtue, elle a persisté. La visite dans ce club, alors qu'elle fuit ce genre d'endroit. Troublé, il avait saisi sa nuque, l'avait abaissé vers son ventre. Elle avait refusé. Puis plié.

C'est le jour J. Il s'est préparé. Certes, ce n'est pas la première fois qu'il accepte l'une de ses extravagances. Ou qu'il lui en propose. Mais cette fois, il ne sait rien ou presque. Il n'a fait qu'entrevoir. Et surtout, elle lui a imposé son rôle : il est le Gardien. Accueillir, surveiller, lier. Rien d'autre.


Il relit les instructions qu'elle a adressées : […] Le Gardien vous ouvre. Il ne parle pas. Il désigne une chaise. Déshabillez vous. Prenez le bandeau. Suivez le Gardien et placez vous à genou sur le coussin qu'il vous désigne." Son cœur commence à s'emballer, la peur ? Pas seulement. Et si cela ne fonctionnait pas ? Si tout tournait à la mauvaise farce ? Non, au contraire. Ce sera moment d'exception.

Premier coup de sonnette. Il essuie ses mains moites avec un mouchoir. Il ouvre en se mettant en retrait. L'homme entre, avance de quelques pas. Sourire, évidemment, elle l'a choisi grand, sportif, pas trop jeune pourtant. Ils échangent un regard. Bêtement, il lui tend la main. Il n'aurait pas dû. Mais l'homme lui rend son salut. Poigné de mains vigoureuse. Comme prévu, il se déshabille sans question. Prend le bandeau et le coffret de bois qu'il a apporté.

Désormais totalement dans son rôle, le Gardien l'accompagne vers la chambre, lui désigne le coussin violet. L'homme se met à genou, place le coffret entre ses jambes, l'ouvre. Puis met le bandeau. Un peu gauche, car il ne le fait pas d'habitude, il pose ses mains sur ses chevilles et attends.

Deuxième coup de sonnette. Le Gardien revient rapidement dans l'entrée. Le sang pulse dans sa poitrine. Fébrile, il laisse entrer le deuxième homme. Cette fois, il est nettement plus jeune avec un regard brûlant, un peu fou. Un corps fin mais nerveux. Agité. Il comprend tout à coup son rôle de Gardien. Il se calme totalement. Montre la chaise avec assurance. Le visiteur semble comprendre le double message.

Nu à son tour, il prend la petite fiole et les cristaux translucides qu'il a apportés. Et va s'agenouiller sur le coussin de cuir brun. Calmement.


Troisième coup de sonnette. Avant d'ouvrir, le Gardien prend le temps de boire un peu d'eau. De reprendre son souffle. Comment sera le troisième ? Encore un grand brun ? Ou un gamin blond ? Elle est capable de tout. Peut-être un doux épicurien au ventre rond ?

Mais la personne qui entre le laisse bouche bée. Il croise le regard levé vers lui, fier juste un instant, nécessaire, puis humble. Il désigne la chaise. Le long manteau bien enveloppant tombe des fines épaules. Dans la semi pénombre, il regarde le corps, entièrement nu et scintillant, les courbes voluptueuses, la taille fine. Dans le miroir, il perçoit l'éclat du bijou qui ornemente les aréoles dressées.

Il lui reste à guider son troisième hôte vers le cousin doré. A le regarder s'agenouiller, s'aveugler et mettre les mains sur les chevilles, comme les deux autres.

Elle entre, vêtue d'un nouveau long fourreau rouge carmin et de ses escarpin. Le Gardien rage. Il veut son corps généreux ainsi paré pour lui seul. Mais elle regarde le Gardien avec tant de reconnaissance. Elle lui désigne le fauteuil qu'elle a préparé, avec ses cigares, le verre de cristal et le vieux nectar qu'elle a rapporté de la terre de Gascogne. Et la fine corde de chanvre.

Elle presse tour à tout chacune des épaules. Prends une main, la porte à sa joue, à sa cheville, puis laisse la main choisir d'explorer. Le premier choisit le genou, remonte sur la cuisse. Le second ose tendre la main haut et agripper un sein méchamment. Le Gardien a donné un ordre bref. La main est retombée immédiatement. Elle a pris la troisième main trop hésitante et l'a glissée entre ses cuisses.


"Acceptez-vous ?"

En signe d'approbation
le premier tend alors le coffret porteur de l'encens
Le second tendra les cristaux et la fiole d'huile essentielle de myrrhe

La troisième prendra un de ses seins d'une main en offrande, arquant son corps entièrement enduit d'une huile délicate ornée de paillettes d'or.

Alors, il lui enlève le fourreau et lui lie les mains. La place sur le duvet tendu de fin coton égyptien. Il allume l'encens, dépose un peu d'huile de myrrhe sur chacune des trois mains que les hôtes ont tendue et la livre à leurs jeux. Il s'assoit dans le fauteuil et observe le lent embrasement.

Elle le regarde, l'appelle ; il sourit et affronte son regard en retour. Elle le sait, il n'est pas vraiment obéissant... mais très patient.


B


3 commentaires:

Anonyme a dit…

Quel fantasme ! Ouchhh vous en avez de l'imagination. J'ose esperer qu'il y aura bientot une suite.
En tous cas voila 3 hommes sous l'envoutement d'une pretresse des sens.

Anonyme a dit…

Encore une fois B, magistral.
Vos obsessions se raffinent.
Quelle joie de vous retrouver.

Libertin a dit…

très beau texte.
Quelle mise en scène !
Je suis sous le charme...