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vendredi 1 août 2008

Intimité - Elle

Je vous offre à relire un de mes premiers textes :





Après, parfois, rarement, elle laisse la porte entrebâillée.

Je m'appuie au chambranle discrètement, je ne veux pas l'effrayer.

Elle est dans la douche, l'eau ruisselle à petit jet. Elle a posé un pied sur le tabouret de bois. Avec un gant d'éponge velours noire et un savon doux, un savon intime, elle efface nos traces d'amour. Le gant passe doucement sur sa toison brune, caresse ses lèvres, elle est face à moi mais ne me voit pas. Elle ferme les yeux. Sa main guide le gant plus loin, elle tourne un peu, sans précipitation, sans excès.

Puis elle lave le gant une première fois.

Je suis là, tout petit, tout rétréci, j'aimerais tant, mais je ne peux pas. J'ai honte d'être ainsi.

Elle remet un peu de savon, sa main passe derrière vers ses reins, elle se cambre en peu, je vois son mouvement de va-et-vient, j'imagine le gant, dans le sillon profond, j'imagine… et je vois son bras ne plus bouger que d'un léger mouvement, le gant s'attarde. J'imagine qu'il est maintenant là où auparavant, j'ai mis mes lèvres, ma langue, mon gland. Moi tout entier.

Elle lave encore le gant, remet un peu de savon, son bras si long repart dans son dos, essuie le reste de moi, laissé sur son dos.

Puis elle laisse tomber le gant, prend le pommeau de la douche et se rince consciencieusement, le jet à quelques centimètres de sa peau, sur le ventre, la toison, elle le tourne un peu pour le faire partir vers le haut, c'est assez puissant pour l'arroser. Elle se penche un peu, de son autre main elle guide les gouttelettes, puis reviens vers le ventre.

Parfois je vois son corps électrisé par un grand frisson, elle rejette la tête en arrière, le jet part comme un éclair, arrose tout autour. Elle le redirige alors vers son ventre qu'elle projette en avant et le fait doucement tourner en rond. Ca semble l'apaiser, son visage est plus calme.

Je suis fasciné par le filet qui coule de la petite touffe de poils qui termine sa toison.

Elle se retourne, à nouveau fait aller le jet sur ses reins et de sa main, écarte un peu le lobe de ses fesses, laisse le jet couler, toute naturelle. J'apperçois encore le filet, les poils bruns. Je me sens mourir.

Puis elle rince ses seins, son dos. Rapidement. Et s'enroule dans une épaisse serviette, je me suis déjà sauvé. Elle n'aime pas que je l'observe ainsi, sans défense.

Lorsqu'elle est partie tôt le matin, lorsque c'est moi qui part à l'aube, il m'arrive de prendre le flacon, qu'elle cache avec d'autres petites choses qui me sont interdites. Plutôt que le gel de mâle vivifiant, je me lave alors la bite avec son savon. Je m'en met plein les mains. Je garde ce parfum sur mes mains longtemps.

Il m'est arrivé une fois, deux fois... tant de fois, lorsque j'étais en déplacement dans une ville lointaine, de cherche comme un désespéré, comme un fou, comme un junky, le flacon de savon liquide. D'affoler les vendeuses, de refuser les marques prestigieuses qu'elle utilise aussi, de courir les pharmacies, les drugstores, les supermarchés, de supplier, d'acheter toutes les marques de gels. De les ouvrir dans la chambre, d'enrager de ne pas retrouver le parfum à la fois bon marché et si délicat. De pleurer comme un gosse.

Depuis, je lui a volé, puis j'ai soudoyé le pharmacien pour qu'il me mette de coté une réserve de mini flacons de voyage, du même savon. J'en emporte toujours dans ma trousse de toilette avec le gel vetiver, le rasoir…

Parfois une amante trouvée dans un bar, dans un train, un avion, au cours d'un cocktail, découvre le gel parmi mes affaires dans la salle de bain de l'hôtel. Elle est ravie et l'utilise aussi. Si elle savait comme j'ai envie de la chasser, nue, toute mouillée, dans le couloir. Et de balancer ses vêtements par la fenêtre.

Mais je suis bien élevé. Je la raccompagne gentiment jusqu'à l'ascenseur. Je reprend le flacon, me place sous la douche et je me branle avec le gel, longuement. Il m'arrive alors de la voir, elle, à travers la buée, sur le miroir embrumé, voir sa silhouette qui m'observe en se cachant, appuyée au chambranle de la porte.

B

4 commentaires:

Anonyme a dit…

Elle est très jolie cette histoire.
"Il m'arrive alors de la voir, elle, à travers la buée, sur le miroir embrumé"
Cette phrase, bien belle, me fait penser à cette remarque que tu fis un jour : "Il m'arrive de penser que nous nous croisons dans la rue, dans ce quartier qui est le nôtre".
Ce soir en rentrant ? Peut-être te verrai-je ?
Je tembrasse.
L

Anonyme a dit…

@L

Mon ami fidèle, peut-être oui... peut-être.

Je t'embrasse.

B

Anonyme a dit…

souvenirs presque partagés

Anonyme a dit…

B.R.U.L.U.R.E.S