samedi 26 novembre 2011
Parfois, il est bon de se taire...
14 nov. 2011 - Philo :
"Et la version où l'homme est fessé ?
Je dis ça, je dis rien ..."
Nous nous apprêtions à sortir dîner. Une main sur son ceinturon, l’autre tapotant l’arrière rebondi de son jean, j’avais alors précisé ma pensée. Il n’était pas autorisé à parler. Ni à utiliser ses mains. Je me réservais aussi le droit de compléter ces instructions au cours du dîner.
Car à notre dernier dîner entre amis, et bien que cela fut très plaisant, il avait monopolisé la conversation, de manière démonstrative avec force gestes, et drôle certes, appréciant manifestement la nourriture, les vins, en gourmet qu’il était, et la compagnie, surtout celle des femmes qui l’écoutaient, la bouche légèrement entrouverte. Et celle des hommes aussi.
Mais laissant peu d’espace aux autres convives plus timides. Un peu d’humilité aurait fait l’affaire et il en avait convenu sur le chemin du retour. Nous devrions peut-être travailler à améliorer cela avait-il suggéré sournoisement. Tout aussi sournoisement, j’avais répondu :
"le moment venu, ça se fera".
J’ai préféré une table un peu à l’écart dans un recoin. J’aime être tranquille tout en voyant la salle. Il est de dos. La serveuse nous donne les menus. Une carte simple mais des plats savoureux que je commente avec délice par anticipation.
Je choisis une entrée de tapas, j’adore manger avec les doigts, puis une viande rouge de qualité qu’il aurait choisi pour lui-même.
"Et Monsieur ?" demande la serveuse.
"Monsieur ne mange pas."
Il pose le menu doucement sur la table. Je vois ses yeux se plisser, sa mâchoire se crisper. Je lève un sourcil interrogateur. Il baisse les yeux et rougit légèrement. La serveuse ne manque rien de cet échange. A-t-elle souri ? Il n’a pas osé la regarder.
Maintenant je commande un verre de vin qu’il aime en discutant plaisamment du choix avec la jeune femme. Je bois peu moi-même. "Et de l’eau plate pour Monsieur. Oui, une carafe, c’est très bien."
Son poing se referme sur la nappe. De l’eau du robinet pour tout viatique lors de cette épreuve, l’humiliation suprême pour un gourmet.
Les tapas arrivent. Que c’est agréable, cette diversité. Je grappille ici ou là tout en papotant de choses et d’autres ; je me lèche discrètement les doigts, avec retenue évidemment, nous sommes en public. Mais j’ai une manière de manger avec les doigts, tout à fait naturelle au demeurant, je ne m’en rends même pas compte, qui est -parait-il moi je ne me vois pas- assez… énervante. Tout en restant très correcte.
Je fais la conversation. Non pas qu’il soit mis à l’écart. Simplement il n’a pas voix au chapitre.
Lorsque j’ai presque terminé l'entrée, je prend un morceau et le pose sur la nappe devant lui avec un sourire bienveillant.
"Mange. Sans les mains."
Il regarde autour de lui. Evalue la situation vivement. Dans l’angle, de dos. Il regarde la nappe. Il a faim. Il se penche tout à coup et attrape le morceau. Puis se redresse et reprend sa position bien droite.
J’essuie délicatement ses lèvres avec ma serviette puis en fait de même avec les miennes.
Ne s’essuie-t-on pas les lèvres avant de boire lorsque l’on est bien éduquée ?
Je bois une gorgée de ce vin corsé juste ce qu’il faut. Il avale péniblement sa salive.
« Tu peux boire un peu d’eau. Et comme j’ai décidé d’être gentille, prends-le avec ta main. »
Il est clair qu’il sera obéissant, et même s’il a fermé les yeux un instant, j’ai perçu dans son regard un moment de rébellion, non sans une certaine satisfaction. Il sait que je m’amuse. C’est moins drôle pour lui mais ça me plait. Et ce n’est qu’un début et il se demande ce qui va suivre. Comment ça va empirer car cela ne peut qu’être pire.
Il a raison. "Maintenant, écoutes attentivement. Je sais que tu bandes."
Ma voix est claire, parfois un peu forte. A-t-on entendu ?
"Tu bandes n’est-ce pas ?" je ne hausse pas le ton. je m'informe simplement.
Il ne peut qu’acquiescer.
"Vas aux toilettes. Enlève ton boxer, ne te branles pas. Essuies toi avec, bien consciencieusement évidemment. Plies le afin que je puisse constater que tu l’as fait et reviens le poser sur la table à côté de mon assiette. Et assieds-toi."
La belle affaire ! aller aux toilettes et mettre ses fesses à nu, il adore. Se caresser avec ses sous-vêtements, … si ça me chante, pourquoi pas ? Je sais qu’il bande et qu’il souille son boxer. Rien d’extraordinaire. Le plus difficile est à venir. Déposer le vêtement noir à la large bande élastique clairement identifiable sur la table.
Qui plus est souillé.
Il part. Quelqu’un le voit-il aller et puis revenir ? Tout le monde bien sur.
Une femme est-elle attentive à ce qui se passe à notre table. A-t-elle perçu la situation ? Un homme suit-il notre petit manège, outré ou envieux ?
Il bande et il sait que je sais.
A peine est-il revenu que le plat principal arrive. Ce boxer en évidence est particulièrement obscène mais personne, ni moi ni la serveuse ne semblons gênées de sa présence. N'est-ce pas somme toute très naturel qu'il soit, lui, dans cette situation inconvenante ?
La viande est très appétissante et les pommes grenaille qui l’accompagnent dégagent un fumet savoureux. Je tranche la viande par le milieu. Cuite juste ce qu’il faut, saignante. J’en découpe un fine tranche et l’écarte légèrement, bien en évidence. J’attaque le reste avec enthousiasme.
Son ventre manifeste sa faim. « chut ». Il sursaute et s’apprête à s’excuser mais se retient. Est-ce que cela sera noté et corrigé se demande-t-il…
Je souris. « En veux-tu ? » Il acquiesce à nouveau. Je continue à manger, semblant ne pas prêter attention à sa réponse. J’ai presque terminé. Il a posé ses mains à plat. Elles ne tremblent pas et ça me convient.
Je considère la fine tranche écartée puis en coupe un tiers que je dépose sur sa serviette. Avec la sauce, cela ne fait pas très propre, vraiment. Quels drôles d’hôtes nous sommes.
« Mange »
Il se fout désormais de ce qui se passe alentour. Il se penche et attrape la viande. J’en dépose encore un morceau, soigneusement coupé et trempé dans la sauce. Qui disparaît aussi vite.
« c’est bien » je lui caresse doucement la joue. « Souhaites-tu un peu de vin ? »
Il esquisse un geste vers le verre et suspend son geste. Je suis satisfaite et je lui montre. J’approche le verre à ses lèvres et le laisse boire.
Moins qu’il ne le voudrait.
La serveuse revient et me tends la carte des desserts. Cependant elle précise quelques spécialités.
Ce n’est pas un secret, je suis plutôt du genre salée que sucrée. Mais cette fois-ci peut-être… il me regarde interrogatif. Je connais sa faiblesse pour le chocolat. Je prendrai donc cette mousse absolument bouleversante selon la serveuse.
Je le vois à l’agonie.
La serveuse s’éloigne déjà quand je précise : « et deux cuillères, s’il vous plait ».
Il m’offre un grand sourire et je lui réponds en souriant en retour. N’est-ce pas un très agréable dîner ? en tout cas, un dîner comme je les aime.
La mousse est placée au milieu de la table. Et ses yeux la dévorent déjà.
« Voilà, tu t’es fort bien comporté et je suis d’accord pour te donner une récompense. Mais saches que pendant que tu la savoures, tu devras penser que tu le payeras cher. A notre retour, autant qu’il me plaira et aussi longtemps. Tu comprends ce que je veux dire ? »
« Tu vas prendre cher. Cela fera mal. Est-ce que je suis claire ? »
Il se balance sur son siège, la position assise est tout à coup devenue insupportable. Comme si son corps, ses fesses anticipaient. Il regarde le dessert et il me regarde. Il veut ce dessert. Et il veut ce que va suivre. C’est inéducable et dans l’état dans lequel il est, plus ce sera insupportable, plus il y prendra de plaisir.
Je pousse le dessert vers lui.
"Prends la cuillère, tu peux tout manger, si tu veux. Et boire un peu de vin avant."
B
Publié par Petite Fr@nçaise à 14:15
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14 commentaires:
Enorme, énorme, énorme. Quel talent dans l'écriture ! On s'y croirait. Sans parler de "l'analyse" du sm dans un billet précédent, qui devrait être lu par tout les sceptiques !
J'adore votre récit... et je trouve que vous racontez les histoires à merveille. les yeux tout écarquillés, je vous écoute attentivement. et je prends des notes :)
Mmmm... Je vais devoir attendre la suite pour assister à cette fessée !
Récit finement ciselé, de main de Maîtresse ...
Je ne suis pas certain de bander dans une telle situation. Je n'imagine même pas la vivre, tellement elle est contre nature, en ce qui me concerne !
Je conçois très bien qu'elle puisse être excitante pour d'autres, mais manger à même une nappe, ou par terre, comme je viens de le lire ailleurs, ne fait pas réellement partie de mes fantasmes ...
Je suis nettement plus cul-cul !
Bon, j'attends quand même l'épisode de la ceinture ... ;)
Amelancholia : bienvenue et merci. Je ne souhaite pas convaincre les sceptiques, ça me semble peu possible. Amener de la tolérance, oui.
Dita : les yeux tout écarquillés ! c'est gentil. j'aimerais qu'ils se ferment aussi... pour mieux imaginer ;-) prenez, prenez...
@Philo : une suite ? vous n'avez peut-être pas tout à fait saisi l'histoire alors ;-)
rassurez-vous, je ne vous y imagine pas non plus ! il faut en avoir envie, absolument.
enfin c'est noté, pas de picnic, pas de resto japonais traditionnel, etc. pas de grignotage sur une grande serviette blanche ou de couleur, genre un drap. [soupir navré et compassionnel]
B
J'ai cru lire qu'il allait prendre cher en rentrant ...
Inutile de soupirer, j'aime beaucoup piquer et niquer dans les draps froissés ! ;)
Je me dis tolérante, je ne dois pas l'être car cette histoire me procure un vrai mal être comme tout ce qui touche à la "soumission masculine", bien au delà de l'idée, qui elle ne me gène pas ...Une véritable oppression
Hihi, vous avez bien raison... shhhht donc ;-)
(Mais je n'en pense pas moins ;-)
Des bises !
quel talent! Une belle plume qui nous transporte là où nous n'osons pas aller! superbe!!
terriblement contre-nature et pas excitant du tout pour moi...
ce qui n'enlève rien à la qualité de l'écriture, que je trouve toujours aussi belle, précise et évocatrice...
Je vais faire simple : j'aime !
Parfois, je vous lis en revenant d'une certaine boutique mais je ne vous ai jamais laissé de mot dans votre caddie.
J'apprécie votre choix quant à la photo. J'avais lu l'annonce publicitaire dans les ouatairess de la supérette.
Mais je suis renversée d'admiration pour vos mots: "parfois, il est bon de se taire".
Bravo.
Magnifique texte, très très plaisant à lire. Moins à vivre sans doute, même s'il y a quelques trucs où je me retrouve, un peu.
Un texte fort bien écrit, très imaginé et qui pourrait vraiment servir de storyboard pour un court- métrage.
Entre champs et contre-champs j'ai pris un réel plaisir à ce petit jeu SM complice où les rôles s'inversent.
La punition-délivrance promise ( et désirée) est délicieusement jouissive et me fait immanquablement penser à la chanson de Max Boublil " Ce soir Tu vas prendre".
Il est de ces petites perversités terriblement excitantes et à savourer sans modération aucune!
PS Merci pour ta visite et ton petit mot déposé : cela me fait très plaisir car nous nous connaissions déjà indirectement via nos coms respectifs sur des blogues communément fréquentés.. Il me semble grand temps de nous " fréquenter" :-) !
Je reviendrai donc avec grand plaisir découvrir et approfondir ton riche univers...
Bises
Elise
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